Cette page est appelée a évoluer au fil de nos découvertes. Consultez-la de temps à autre si ce sujet vous intéresse.

Voici son sommaire car elle est un peu longue :

Cette page est cependant conçue pour être lue sans transition et je l'espère sans ennuis.

Page modifiée le 18/07/2006

Le pays est vert vu du ciel et dispose d'importantes étendues d'eau comme le Lac Kivu. Les rivières sont assez nombreuses et les ruisseaux légions mais ces cours d'eau ne sont pas très importants. Autour de Kigali, il y a la rivière Nyabarongo et quelques affluents de moindre importance comme par exemple la rivière qui vient du Lac Muhazi.

Pourtant, au sol, tout est sec. A l'exception des fonds de vallées, il n'y a pas de sol humide.

Vallée de la rivière Muhazi à hauteur de Jabana - tout les fonds de vallées sont cultivés , ici c'est essentiellement du riz.

Cette même vallée un peu plus en amont à hauteur de Rutongo

Issue de la forêt de Mukura (Région de Kibuye), cette petite rivière couleur limon se jette du rocher "Urutare rwa Ndaba"

Le Lac Kivu à Kibuye, il constitue la frontière Ouest du Pays. S'étalant en orientation Nord-Sud, il a 100 Km de long sur 50 km dans sa plus grande largeur. Une grande île appartenant au Congo en occupe le centre. 

Sa côte est particulièrement découpée offrant des paysages splendides.

Le Rwanda revendique les sources du Nil dans la forêt de Nyungwe au Sud-Ouest du Pays. Ces sources donnent naissance à la Nyabarongo qui passe près de Kigali se jette dans le lac Kivu.

On devine la Nyabarongo qui serpente en fond de vallée sur la route du Nord en aval de Kigali

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Au Rwanda, normalement, la grande saison des pluies dure du début mars à la mi-mai et il pleut constamment. La petite saison s'étend de septembre à décembre et il pleut de 2 à 3 fois par semaine. En dehors de cette période, il ne pleut presque jamais et la lumière est intense. Depuis notre arrivée il n'a pas plu une seule fois et le soleil est au rendez-vous.

En 2006, les pluies sont arrivées tardivement durant le mois d'avril mais heureusement elles ont, semble-t-il, été suffisantes. Tout l'Est de l'Afrique a subi une sécheresse importante cette année; nous avons vu en Belgique des images dramatiques du Kenya par exemple.  En 2002, lors de notre précédent voyage, c'était pire pour le Rwanda. Il n'y avait pas eu de grandes saisons des pluies.

Les changements climatiques sont sensibles ici, les barrages ne disposent plus de réserves suffisantes à cause du déficit cumulé des pluies de ces dernières années et probablement d'une augmentation consécutive des besoins en matière d'irrigation. La production d'électricité a été réduite d'autant. L'appoint d'énergie est maintenant fourni par des générateurs au mazout.

Les gens cherchent des explications à ces changements. voici une explication qui m'a été proposée par un kinésithérapeute:

"Les dernières éclipses ont provoqué un changement dans la position du soleil
ce qui explique qu'il fait plus chaud et plus sec."

Pourtant, cette personne était d'un bon niveau d'étude, parlait parfaitement le français, avait entendu parlé des changements climatiques à l'échelle globale ou des trous dans la couche d'ozone mais il était incapable de faire une analyse complète et donc de relier les comportements humains aux changements de l'environnement

Nous reviendrons plus tard sur l'énergie et les changements climatiques, mais l'exemple est parlant. Les populations constatent qu'il fait plus sec mais on ne s'inquiète pas de la consommation d'eau au domicile. L'eau est "rare" finalement et chère certainement mais, le robinet principal de la parcelle coule en un filet continu...

Dans la boîte sur l'image suivante, se trouve le compteur. En amont se trouve l'arrivée principale qui dispose aussi d'un robinet d'arrêt très facile à fermer. Pourtant, l'eau coule en permanence tant que la distribution est assurée. Heureusement on la récupère dans un grand récipient. Malgrès tout, la présence de cette eau dans le bidon entraîne un certain gaspillage. J'incite "Papa Gloria" (papa suivi par le prénom de l'enfant aîné - ainsi je m'appellerais ici "papa Lauréline") à changer le robinet. A la suite de ce changement et suite à mes mesures répétées au compteur j'estime l'économie d'eau à 10% par mois.

On stocke beaucoup l'eau car le service n'est pas assuré en permanence. Il y a toujours des bidons de 5-10-20 litres qui sont remplis. Il y a également plusieurs citernes de 100 l dont l'une dans la salle de bain. Il y a enfin une citerne plus imposante de 1 m cube.

Depuis notre arrivée le 20 juin, j'ai pu constater de petits arrêts de la distribution jusqu'à 4 ou 5 par semaine. Ces arrêts n'ont pas duré longtemps pour la plupart. A une occasion, nous sommes cependant restés sans eau durant plus d'une journée.

Le maître de la maison  me signale que les relevés du compteur sont mensuels. Il n'a pas la moindre idée du volume consommé, mais paye toujours à peu près la même somme à savoir 4000FRW à 5000FRW par mois. La consommation que j'ai mesurée est d'environ 700 l par jours soit environ 77 l par personne. Le relevé du compteur pour le mois de juin indique une consommation de 23 m3. La facture se divise en 3 parties: la location du compteur d'eau 80 FRW par mois, la consommation 200 FRW/m3 soit 29 cent et la TVA de 18%.

L'eau distribuée a Kigali est de l'eau prélevée en surface dans un petit affluent de la Nyabarongo. Elle est traitée en vue de sa distribution mais les volumes sont insuffisants pour assurer les besoins (seulement 1/4 des besoins sont remplis en saison sèche soit environs 16.000 m3/j alors qu'il en faudrait 60.000). A court terme, Electrogaz veut sensibiliser à l'économie d'eau. A moyen terme, c'est la Nyabarongo qui sera sollicitée. Cependant, lorsque j'entend parler les Rwandais, le débit de cette rivière, très importante pour le pays, diminue constamment. Un prélèvement pour Kigali n'augmenterait-il pas ce déficit cumulé depuis des années? A long terme, Electrogaz compte sur la construction d'une adduction à partir de l'aquifère des laves situé dans le nord du pays. Ce projet est actuellement à l'étude et nécessitera un financement international.

L'eau du robinet n'est pas présente dans toutes les maisons. Seule les familles aisées en ville en disposent. Dans les campagnes, mais déjà dès la sortie de la ville dans les collines au dessus de Kigali, on recoure à des bornes fontaines qui sont alimentées par de petits réservoirs. Cette eau serait celle de sources captées.

En amont de ce réservoir se trouve la borne fontaine

Dans les campagnes, le système est similaire. Des réservoirs et des bornes fontaines avec parfois des petits guichets et plusieurs robinets. Les bornes comme celle-ci, par contre, ne sont pas surveillées. Il s'agit d'un équipement collectif géré par des comités locaux. 

Lors de ma visite dans la chaîne de N'Diza on m'explique que le bidon de 20 l revient entre 5 et 20 FRW (selon la rentabilité du site). Cet argent est utilisé par le comité de gestion pour entretenir l'équipement. Les guichets sont administrés par une personne responsable qui tire des revenus, non pas de la vente d'eau, mais bien de la vente d'autres biens. Le prix de l'eau va alimenter une caisse gérée par un comité local et destinée aux frais d'entretien et de réparations éventuelles des infrastructures.

Même en matinée - période scolaire - on voit des enfants sur les routes portant des bidons d'eau. Le transport des bidons est une "spécialité". On croise de nombreux "vélo-transport". Chaque vélo déplace de 60 à 80 l d'eau. Je n'ai pas vu d'animaux servant au transport.

Au niveau de la qualité au robinet, difficile de savoir. On conseille toujours de bouillir l'eau avant de la consommer. Grâce aux languettes colorimétriques, j'effectue un rapide test de nitrates ce 28 juin. Celui-ci s'avère négatif. C'est plutôt bon signe.

Par rapport à la Belgique, étant donné la nature du sous-sol essentiellement des granites et du métamorphique, les eaux sont très douces. Inutile d'employer beaucoup de savon. 

Donc, si l'on désire boire de l'eau, ce qui devient de plus en plus courant au Rwanda (auparavant on n'offrait pas d'eau aux visiteurs et on ne la consommait pas), il faut se rabattre sur les eaux en bouteilles (dont le volume dépasse rarement le 1/2l). J'en ai identifié 3 et j'ai pu boire les 2 "marques" suivantes:

A gauche : source du Nil (eau purifiée et mise en bouteille à Kigali) et à droite Nyungwe, une eau minérale en provenance de la région de Cyangugu et dont le nom suggère qu'elle est produite au coeur de la forêt dont elle porte le nom.

Les 2 marques jouent sur la pureté en illustrant d'une part, de hautes montagnes et d'autre part, une forêt. Il est vrai que seuls les sommets les plus hauts et escarpés et les forêts les plus denses sont susceptibles de fournir des eaux non contaminées étant donné que ces zones sont peu habitées. Ceci étant dit, en circulant on observe que même les montages sont cultivées parfois jusqu'au sommet. En effet, au Rwanda, la densité de la population humaine est de 300 ha/km². D'autre part, j'ignore quel est le cheptel bovin et caprin mais il doit être important puisque les rwandais sont principalement des agriculteurs ou des éleveurs (94% de la population).

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L'eau représente un poste important pour les dépenses des ménages.

Comparaison des prix de l'eau

1 Euros = 700 FRW 

l'eau en bouteille est inaccessible pour les paysans et, dans une certaine mesure, étant donné l'irrégularité des revenus dans les campagnes, l'eau des bornes fontaines est également trop chère si on considère un besoin minimum de 10 l/j/p.

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Il 'est pas étonnant de s'imaginer que la qualité de l'eau est mauvaise au niveau bactériologique au Rwanda. En effet, il suffit de se poser la question des eaux usées. Que deviennent-elle?

Papa Gloria me signale qu'il a fait creuser un puits perdu de 15 m de profondeur dans son jardin il y a quelques années (pas très longtemps). Avant? Il y avait un autre puits perdu que l'on a comblé. Y-a-t'il des égouts? Non, toutes les maisons disposent de puits perdus.

A Kigali, sur la route de contournement pour les camions, on voit en amont, de nombreuses maisons, de belles et de moins belles. On aperçoit de temps à autre les latrines - certaines au bord d'un affaissement de terrain. Et, à quelques dizaines de mètres en aval, on voit perler de nombreuses sources alimentant une petite rivière. Autour de chaque source de nombreuses personnes se pressent pour prendre de l'eau.

A la campagne, la situation est similaire.

Ce qui est ahurissant pour nous belges au Rwanda, c'est que les populations se concentrent surtout sur les point hauts : sommets des collines, crêtes montagneuses. Vous sillonnez une route qui est escarpée et qui monte indéfiniment. On pense que l'on s'éloigne des noyaux d'habitations que l'on part vers la nature sauvage. Pas du tout, au bout du dernier virage, voilà une Eglise imposante, une école et des myriades d'enfants, une ville au sommet et plus loin des cultures même sur des pentes escarpées.

Ici la pente est certainement de 40%

Lorsque vous vous promenez ou vous voyagez, même là ou vous vous imaginez qu'il n'y a personne, il ne faut pas attendre bien longtemps avant de croiser des gens. Restez 10 minutes au même endroit et en votre qualité de "Muzungu" vous serez bientôt entouré par une foule plus ou moins dense. Le Rwanda a une densité de 300 ha/km². Je pense que cette densité est calculée à plat à partir de la surface sur une carte géographique en 2 dimensions. Elle doit être de 150 à 200 ha/km² si vous "dépliez" toutes les montagnes. N'empêche cela reste très important.

Dans ces conditions difficile de trouver des eaux non contaminées par les activités humaines.

Encore un puits perdu

Le puits perdu de papa Gloria est plein! Ou les tuyaux sont bouchés! L'eau ne s'écoule plus. Les enfants trouvent amusant de patauger dans l'eau qui déborde. Des odeurs d'égouts planent dans la concession.

Avant la fin de la journée, des ouvriers arrivent. Constat, le puits de 15m construit il y a seulement quelques années est plein mais les tuyaux sont aussi bouchés. l'eau s'infiltre difficilement dans le sol.

Voici la voie d'accès principal ede la concession vers le puits perdu.
Il n'y a plus de grille qui empêche les gros objets d'aller vers le puits

Le chef des ouvriers explique que des tas d'objets ont bouché les tuyaux mais que l'infiltration de l'eau aussi est devenue difficile, entre-autre, à cause des huiles dont on se débarrasse en les jetant dans les tuyaux.

Les ouvriers au nombre de 3 entament le creusement d'un nouveau puits. Le sol est très dur et sec. Il n'ont qu'une pioche et une pelle au manche brisé, rouillée et pleine de trous. Pendant que les uns creusent, les autres, sans mesure de précaution, confectionnent des "nasses" pour pêcher les objets flottants dans l'ancien puits. Ils n'ont pas de gants, pas de vêtements de travail.

Voilà le résultat de ce travail resté à ce jour inachevé.

A droite le puits perdu recouvert par sa dalle et l'aération
A Gauche le nouveau trou entammé


Voilà une partie des éléments flottants repêchés.