La production et la distribution de l'énergie est une question cruciale pour le développement et l'environnement au Rwanda comme dans beaucoup de pays africains.

Actuellement le Rwanda est extrêmement dépendant du pétrole pour les déplacements, la production d'énergie électrique et du charbon de bois pour tout ce qui concerne l'alimentation.

  

 - De l'énergie pour se déplacer


 - De l'énergie pour s'éclairer et faire fonctionner les équipements électriques


 - De l'énergie pour cuisiner


 - Des projets énergétiques

Pour le moment, le Rwanda est probablement sous les normes d'émission de CO2 qui lui sont imposées. Cependant, cette situation est due au sous-développement. Les zones plus développées comme Kigali, où la situation économique va en s'améliorant, dépassent probablement largement les cotas.

__________

Une surconsommation aux multiples causes. 

90% du parc automobile et des camions est constitué par du matériel de seconde main importé principalement du marché asiatique via Dubaï. Ces véhicules rendent d'irremplaçables services mais, en général, sont extrêmement gourmands en énergie d'abord parce qu'ils ont déjà beaucoup roulés, sont mal réglés, mais également à cause du type de terrain qu'ils doivent affronter.


Ces terrains sont poussiéreux, remplis de bosses et présentent des inclinaisons importantes

La Toyota qui nous transporte sur les routes du pays consomme certainement plus de 10 l à 12 l d'essence super au 100 Km. Sur les routes en terre battue, étant donné les obstacles, le moteur est toujours a bas régime et à la limite du calage. Notre chauffeur, excellent au demeurant, coupe le moteur même pour un arrêt bref. Le style de conduite, sans doute dicté par l'expérience, se caractérise également par un très faible recours au levier de vitesse et nécessite des reprises qui en conséquence sollicitent beaucoup de carburant.

Les taxis-brousse jouent le rôle d'autobus entre les villes principales du pays. Ces Toyota Hiace remplissent toutes les conditions de consommation excessive que nous avons déjà mentionnées. Mais ces taxis sont en plus bien souvent surchargés et transportent toute sorte d'objets dont les caractéristiques sont tout, sauf aérodynamiques.

Enfin, les populations les plus aisées recourent à d'énormes 4X4 dont la consommation, étant donné la puissance nécessaire pour déplacer ces monstres, est également multipliée par 4.

Les véhicules automobiles sont vraiment un luxe que seuls les favorisés peuvent se permettre. L'essence est à 600 FRW du litre (pratiquement 1 euros) et le diesel à 500 FRW du litre. Il n'y a pas de raffinerie au Rwanda. Les carburants sont importés de Tanzanie par camion citerne. Des capacités de stockage existent.

La circulation est pourtant assez dense dans la capitale, les fumées et les poussières soulevées par tous ces véhicules provoquent une brume polluée permanente composée de poussières et de gaz d'échappement. Il ne fait pas bon respirer à Kigali.


le dust-smog de Kigali

__________

 

L'électricité se généralise petit à petit dans les villes. A Kigali toute la panoplie des équipements électriques est à la disposition des familles qui ont les moyens financiers nécessaires. On voit maintenant à la télévision des publicités qui présentent des immeubles à appartements tout équipés avec cuisinière, salle de bain et tout le confort moderne. A la campagne et dans les petites villes, l'électricité est surtout destinée à l'éclairage et ... à la télévision. En dehors de Kigali, et à l'exception sans doute de la société Bralirwa, les entreprises ne semblent pas avoir besoin d'importantes puissances électriques.

L'électricité n'est pas libéralisée au Rwanda. Le seul opérateur est une société publique Electrogaz qui fourni aussi l'eau mais à ma connaissance pas de gaz de ville aux privés. La production d'électricité est un problème important, d'autant que la consommation augmente grâce au développement du pays et que les capacités de production du Rwanda ont diminué ces dernières années. 

Le Rwanda dispose en effet de 2 barrages dont la vocation est de fournir de l'hydroélectricité à raison de 1/3 des besoins. Malheureusement, les changements climatiques ont provoqué une diminution des niveaux des lacs de barrages et donc de la production électrique. Le Rwanda qui importe 66% de sa consommation électrique du Burundi et de la Tanzanie et qui ne peut recevoir plus de ses voisins, a du s'équiper de groupes électrogènes pour alimenter Kigali. Ces groupes fonctionnent au mazout... Malgré cet appoint, il n'y a pas assez d'électricité pour la capitale et dans les quartiers on connaît des périodes de délestage. Il y en a plusieurs par semaine 2 à 3 et elles durent en moyenne 1 heure sauf, une fois, ou la panne était un peu plus sérieuse. Les personnes qui ne souhaitent pas subir ces pannes disposent de groupes électrogènes au mazout. Celui du voisin fait un bruit infernal et la nuit résonne de ses vibrations. Ces groupes électrogènes sont négociés à prix d'or.

__________

 

Aventures électriques

Un soir, nous installons les enfants à table pour le repas. Une panne électrique survient. Le délestage habituel? Nous courrons pour trouver des bougies. Il n'en reste plus qu'une cassée en 2, de quoi tenir une heure peut-être. C'est un peu juste pour permettre aux enfants de manger. Il y a bien un stock de bougies mais dans la chambre des parents - fermée à clé. Les parents ne rentreront que dans une heure au mieux. On téléphone par GSM au Papa - au secours nous n'avons plus de bougies. Au boût d'une heure l'électricité revient. On souffle les bougies et pouf... elle se coupe à nouveau - fou-rire des enfants. Au bout d'un moment l'électricité revient et quand le papa arrive pour "nous sauver" tout semble en ordre. Ce n'est que partie remise puisque après quelques minutes le courant disparaît à nouveau et cette fois pour de bon. Le lendemain matin l'électricité n'est pas rétablie. La panne se prolonge mais le courant est rétabli avant midi.

 Au début de l'après midi, en allant en ville, nous trouvons l'explication. A la jonction de la piste avec la route principale, un câble électrique affleure. Celui-ci avait été abîmé à plusieurs reprises suite au passage de véhicules, expliquant les pannes à répétition. Autour du câble les techniciens, sans-doute, ont érigé un petit kern surplombé par les restes d'un vieux parapluie histoire de signaler le danger. Plus d'une semaine après l'accident, le câble affleure encore et le kern n'est plus très fringant.

__________

 

Les particuliers à Kigali disposent d'un compteur qui fonctionne avec un système de recharge. Comme pour les téléphones portables, vous achetez en "boutique" un certain nombre de kilowatts et vous tapez un code sur le compteur pour vous ouvrir le droit de les utiliser. Pour notre famille d'accueil avec 5000 FRW on tient 1 semaine ce qui porte la dépense mensuelle à environ 20000 FRW.  Ce montant représenterait 10% du salaire moyen d'un fonctionnaire. Pourtant, dans cette maison, il y n'y a qu'une dizaine d'ampoules économiques, un frigo, une télévision et un ordinateur.

Le compteur à cartes prépayées

Ici aussi, il y a progrès. Depuis notre visite en 2002, les ampoules économiques ont été généralisées. Dans notre maison d'accueil, la réflexion sur l'économie d'électricité a porté ses fruits et on a aussi remplacé les ampoules. 

Electrogaz, la société qui distribue l'électricité fait également la promotion d'une utilisation rationnelle de l'électricité. 


Voici l'affiche présente à l'accueil et dans toutes les chambres du centre hôtelier Bethanie à Kibuye

Le Rwanda dispose pourtant du potentiel pour produire de l'énergie électrique à partir de sources renouvelables et non polluantes.

Situé sur l'équateur, bénéficiant d'un très très large ensoleillement, le Rwanda pourrait bénéficier du solaire actif pour fournir l'éclairage et la puissance nécessaire à la plupart des besoins domestiques. Pour les frileux, le solaire passif pourrait fournir l'eau chaude pour la salle de bain... Mais le solaire est très peu développé! Personnellement je l'ai vu mis en oeuvre une fois : dans une mosquée, un panneau de cellules photovoltaïques de 50cm² était utilisé. J'imagine qu'il permettait de fournir la puissance nécessaire à 1 ampoule. L'investissement est probablement un frein considérable au développement de cette technologie. On me signale que dans certains bâtiments publics (hopitaux, écoles...) il y a du solaire photovoltaïque. 

Les petits ruisseaux de montagnes sont légions. La force du courrant et/ou la construction de micro barrages pourraient très certainement faire fonctionner des turbines permettant de générer des puissances suffisantes pour de petits villages ou des industries artisanales. A Kibangu/Chaîne de Ndiza, la Coforwa a installé ce type de micro-centrale. Elle permet d'alimenter 200 ménages et fournir une puissance électrique de 50 à 60 KW/h. Il semble que cet expérience fasse tâche d'huile et que les autorités s'y intéressent.

Le vent ne semble pas, quant à lui, être un moyen efficace. Il me semble complètement absent à Kigali, faible et non constant sur les bords du Kivu. Pourtant, à ma connaissance, il existe un projet d'éolienne pour une industrie agroalimentaire.

Je suppose qu'il y a des sources d'eau chaude dans la région des volcans mais j'ignore si celles-ci sont exploitables et à quelle échelle.

L'énergie électrique nécessite aussi des infrastructures de transport et de l'interconnexion, ce n'est pas simple de mettre en place un réseau performant qui accepte aussi la connexion de petites unités de production dispersées.

__________

 

Le principal problème du Rwanda est l'utilisation de bois et de charbon de bois pour la cuisson des aliments et la production d'eau chaude. Ici, dans la maison de nos hôtes, le réchaud est toujours en fonction et il y a toujours une casserole sur le feu.

 

Mais, le Rwanda :

  

 - a une densité de population de 300 hab/Km²,


 - est confronté à un climat qui devient plus sec,


 - a eu a subir une guerre prolongée ou la tendance était à la destruction des forêts afin
   de supprimer des refuges pour les rebelles,


 - est constitué de terrains pentus et vulnérables à l'érosion,


 - a développé une culture ou l'élevage est un signe de richesse et de pouvoir.

Depuis de nombreuses années, les rwandais fondent beaucoup d'espoir sur l'exploitation du gaz méthane du lac Kivu. Ce gaz est déjà exploité pour la brasserie Bralirwa et l'exploitation à grande échelle serait en bonne voie. Les informations obtenues ici ou là au travers de conversations sont très limitées. Pour certains Rwandais, le gaz du Lac Kivu est semblable au monstre du Loch Ness en Ecosse: on en parle beaucoup mais on ne le voit jamais.

Tous ces éléments ont abouti à un constat de déforestation progressive du pays. Beaucoup de collines ont été déboisées. Il y a de fortes érosions et la perte de sol. Situé sur la crête du Nil et du Congo les deux fleuves géants du continent, le Rwanda reçoit pourtant beaucoup de pluie (1300 mm/an à Kigali et plus de 3000 mm/an au nord et sur la crète du Nil/congo) ! Son milieu ''naturel'' est celui de forêts d'altitude, assez denses. Il ne reste plus que la forêt de Nyungwe pour en témoigner. 

Les mesures prises ont été radicales, peut-être un peu trop. Du jour au lendemain: on a interdit de couper des arbres et on a consigné toutes les vaches dans les étables. On a interdit l'utilisation des fours à briques que l'on voyait dans les vallées. Ces mesures venaient en appuis de programmes de reboisement et d'élaboration de terrasses agricoles en vue de freiner l'érosion, programmes entrepris déjà en 2002.  Cependant, aucune alternative n'a été proposée au charbon de bois. De plus, pour construire les étables où loger le bétail... des arbres ont été abattus.

Les politiques environnementales sont particulièrement difficiles à mettre en oeuvre. Aucune problématique ne peut être isolée et chaque mesure prise a des répercutions parfois contraires à l'objectif souhaité. Chez nous en Europe, nous commençons seulement à mettre en oeuvre des politiques de gestion intégrée de l'environnement. 

Pour les besoins domestiques, dans un premier temps, on ne peut qu'inciter à utiliser le gaz naturel. Celui-ci est disponible en bouteilles. C'est le combustible fossile qui brûle le mieux et envoie le moins de CO2 dans l'atmosphère. Par contre je déconseillerais d'utiliser les briquettes constituées par les déchets organiques. Leur pouvoir de combustion est faible et le dégagement de fumée intense. 

 Le gaz est la solution fossile la moins polluante. Elle est utilisée dans certaines maisons communautaires.

Peut-être serait-il également possible de développer de petites unités de production de gaz méthane en utilisant ces mêmes déchets organiques et en les faisant fermenter dans des cuves. Le KIST (Kigali Institute of Technology) expérimente cette technologie dans les prisons. 

__________

J'ignore exactement sous quelle forme ce gaz se présente. Il semblerait qu'il soit dissous dans l'eau au fond du lac. L'exploitation viserait à son extraction sous forme gazeuse et sa transformation en électricité. Cette solution est séduisante pour régler les problèmes d'approvisionnement en électricité (énergie de confort principalement) mais ne rencontrerait pas les besoins en matière d'énergie domestique de base à moins de généraliser les cuisinières électriques ce qui n'est pas réaliste si l'on considère d'une part l'état du réseau et, d'autre part, le coût de cette énergie pour les ménages.